Pour la première fois, une étude s’est penchée sur l’impact de la lumière ultraviolette (UV) utilisée pour sécher le vernis à ongles. Et les résultats ne sont pas très rassurants. Le sujet a attiré l’attention de Ludmil Alexandrov, professeur de médecine cellulaire à l’Université de Californie à San Diego et co-auteur de l’étude, après être tombé par hasard sur le cas d’un candidat à un concours de beauté diagnostiqué jeune avec une forme rare de cancer de la peau. “Si vous regardez la façon dont ces dispositifs sont présentés, ils sont commercialisés comme sûrs, sans qu’il y ait lieu de s’inquiéter”, alerte-t-il.
En effet, si les méfaits cancérigènes des cabines à UV, aussi appelées lits de bronzage, ont déjà maintes fois été prouvés, ils utilisent un spectre de lumière différent de celui des séchoirs, dont l’impact n’avait jamais été étudié jusqu’alors.
Gel manicures fans, take note : researchers at @UCSDJacobs studied the UV light-emitting devices used to cure gel manicures and found that their use leads to cell death and cancer-causing mutations in human cells. https://t.co/guIZ6v23EI #manicure #UVLight
— UC San Diego (@UCSanDiego) January 19, 2023
Publiée le 17 janvier dans la revue Nature Communications, l’étude montre que ces dispositifs endommageraient l’ADN et entraîneraient la mort des cellules ainsi que des mutations cancérigènes notamment responsables de cancers cutanés au niveau des doigts. “Nos résultats expérimentaux suggèrent fortement que le rayonnement émis par les séchoirs à vernis à ongles UV peut provoquer des cancers de la main et que, similaires aux lits de bronzage, peuvent augmenter le risque de cancer de la peau d’apparition précoce”, indiquent les auteurs.
Une seule séance suffit à détruire près d’un tiers des cellules
Pire encore, une seule séance de 20 minutes suffirait à provoquer la destruction de 20 à 30% des cellules. En moyenne pendant une séance, les ongles et les mains peuvent être irradiés jusqu’à 10 minutes et les utilisatrices régulières changent leur manucure toutes les deux semaines. Et comme on pourrait s’en douter, plus les séances sont répétées plus le nombre de cellules disparaît. Ainsi, trois séances consécutives détruisent entre 65 et 70% des cellules exposées, rapporte la RTBF.
Mais ce n’est pas tout : celles ayant “survécu à ce dispositif présentent des dommages aux mitochondries ainsi qu’à l’ADN. “Nous avons constaté que certains dommages à l’ADN ne sont pas réparés au fil du temps et qu’ils entraînent des mutations après chaque exposition avec un séchoir à vernis à ongles UV“, continuent les chercheurs.
Mais à partir de combien d’utilisations ces lampes sont-elles vraiment dangereuses pour la santé ? Les chercheurs n’ont pas encore la réponse exacte et avertissent qu’une étude épidémiologique plus longue devra être menée pour établir un lien sérieux entre lampes de séchage à UV et cancer de la peau. “Il est probable que de telles études prendront au moins une décennie pour être achevées et informer ensuite le grand public”, concluent les chercheurs. En attendant, Maria Zhivagui, première auteure de l’étude et adepte des manucures au gel, a annoncé avoir totalement renoncé à cette pratique après les résultats de l’étude.
Source :
- DNA damage and somatic mutations in mammalian cells after irradiation with a nail polish dryer, Nature Communications, 17 janvier 2022
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